7e Forum francophone du Pacifique – Pilou des Mots 2014
Nouméa, les 3, 4 et 5 novembre 2014
En vue de cette manifestation culturelle qui invite, chaque année depuis 2008, les Alliances Françaises de la Région Asie-Pacifique, le rendez-vous avait été pris pour début novembre 2014. Il a vu affluer de nombreux francophones et francophiles sur notre Caillou. Les travaux du Forum ont débuté par la cérémonie d’ouverture à l’hôtel Parc Nouvata à Nouméa et le discours d’accueil de Mme Cynthia Ligeard, Présidente du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Accueil des Alliances Françaises par Mme Cynthia Ligeard, Présidente du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
De gauche à droite : les délégations des Alliances Françaises, M. Bernard Deladrière, Membre du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en charge de la Francophonie avec Mme Anissa Barrak, Déléguée de l’OIF en Asie Pacifique, Conférence du Professeur Akira Mizubayash à l’audiorium de l’Assemblée de la Province SuD – La SG de l’Alliance Champlain aux côtés de Mme Barrack.
L’Alliance Champlain, ce dont elle est reconnaissante au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a été de nouveau, associée à ce très important évènement pour l’organisation, en partenariat avec le Centre de Rencontres et d’Échanges Internationaux du Pacifique (CREIPAC), du concours de poésie Le Pilou des Mots. Elle a pu être présente également lors de la Conférence de presse donnée le mercredi 5 novembre au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, par Mme Anissa Barrak, Déléguée de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour l’Asie-Pacifique, au côté de M. Bernard Deladrière membre du Gouvernement, en charge de la Francophonie. (Voir développement ci-dessous).
Le soir même, plusieurs membres de notre association ont été invités à la conférence du Professeur japonais d’expression française, M. Akira Mizubayashi, qui enseigne à l’Université Sofia à Tokyo. La prestation de l’éminent professeur a été suivie du discours de clôture de M. Deladrière, puis du coquetel offert par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Y assistait en toute simplicité, Mme la Présidente du Gouvernement, Cynthia Ligeard.
Conférence du Professeur Akira Mizubayashi Une langue venue d’ailleurs « Refuser de parler par clichés, accéder à la pensée. » |
Conférence de presse de Mme Anissa Barrak, Déléguée de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour l’Asie et le Pacifique Rapport OIF 2014, La Langue française dans le Monde |
L’universitaire japonais a littéralement saisi l’auditoire calédonien de plus de 200 personnes, composé des responsables du Forum, des délégations des Alliances Françaises et de nombreux invités dont l’Alliance Champlain, par son époustouflante maitrise de la langue française, soi-disant l’une des plus difficiles au monde, et sa connaissance de tous les grands noms de notre littérature et pas seulement. Il cite abondamment Hanna Arendt et Jean Starobinski. Lors des sept années passées en France entre Montpellier, où il a étudié, et Paris, il s’est lié d’amitié notamment avec Daniel Pennac, qu’il a traduit en japonais (1), et Jean-Bertrand Portalis qui l’a aidé à être publié chez Gallimard. Au cours de sa conférence intitulée « Une langue venue d’ailleurs », Akira Mizubayashi a conté comment et pourquoi, après « une rencontre tardive », il a « épousé » notre langue. De fait, son immersion quasi mystique dans la langue de Molière étonne au plus haut point et ne peut laisser indifférent, tant la culture et l’écriture japonaise diffèrent de la culture occidentale et en particulier de la culture française. Il se dit « enfant du français, élève du français, habitant fidèle, hôte honoré, installé dans cette langue », dans une « complicité heureuse ». Dès lors, affirme-t-il, « ma langue d’origine m’est apparue dans une configuration inédite, comme une langue étrangère ». Et il se découvre à « réapprendre et recréer le japonais » (…) après quarante années d’émigration linguistique volontaire, j’ai le sentiment de me traduire lorsque j’écris en japonais ». Akira Mizubayashi, a une connaissance encyclopédique et même académique de la littérature française, qu’il enseigne d’ailleurs à Tokyo. Le « Siècle des Lumières » est sa référence définitive, ses deux phares étant Rousseau et… Mozart ! (2). Il croit aussi aux vertus du plurilinguisme : Parler au moins deux langues pour croire qu’on en parle une. » Cette conférence extrêmement dense a donc duré plus d’une heure et demie que personne n’a vu passer. Il l’a conclue en disant, je sais quelle question vous allez me poser : Aimez-vous la France ? Et il y a répondu en indiquant qu’il y est « seulement attaché par sa langue et ne partage pas la liturgie sociale française. Le Japon n’est plus mon pays, la France ne le sera pas. » Il complète sa pensée en précisant : « J’aime la France à condition qu’elle soit humaniste, la France en tant que foyer effervescent de cette langue magnifique qu’est le français, France ouverte à tous ceux qui la désirent. » Et en conclusion, il cite l’écrivain roumain Emil Cioran, un autre expatrié de sa langue : On n’habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c’est cela et rien d’autre ». (1)Ndlr : ce qui lui a peut-être valu de recevoir Le Prix littéraire de la Société Centrale Canine en 2013 ? (2) Ndlr : Mozart (1756-1791) qui, francophone, germanophone et italophone et contemporain de la Révolution française, fut l’un des grands transmetteurs de la pensée humaniste des Lumières, notamment par des oeuvres majeures que sont les opéras Dion Giovanni et La Flûte Enchantée.
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Pour la première fois depuis la création en 2008, du Forum Francophone du Pacifique, l’Organisation Internationale de la Francophonie était représentée. Mme Anissa Barrak, déléguée pour l’Asie-Pacifique, invitée par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a donc participé aux travaux du Forum avec les Alliances Françaises du Pacifique. Le mercredi 5 novembre, dans l’après-midi, Mme Barrak a donné une conférence de presse à laquelle l’Alliance Champlain était représentée par la Secrétaire générale, Ghislaine Rivaton. En préambule, M. Deladrière a indiqué que la Nouvelle-Calédonie souhaitait désormais se rapprocher de l’OIF. Ainsi le Gouvernement va initier une demande de coopération avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), dans l’idée d’établir une complémentarité avec le pays, lequel pourrait servir de relai dans le Pacifique, notamment vers le Vanuatu Mme Barrak se réjouit de voir se dessiner le projet d’une coopération aux objectifs communs de valoriser et promouvoir la Francophonie dans la région. Elle souligne l’importance des rencontres avec les réseaux de la Francophonie et avec les autorités de la Nouvelle-Calédonie. Le temps est venu d’explorer, de poser les bases d’un partenariat de coopération, de promotion de la langue française outre de projets de coopérations avec d’autres pays par la promotion des Alliances Françaises et de la Francophonie. Ensuite, Mme Barrak présente une synthèse du Rapport (OIF) 2014, La Langue française dans le Monde, ce qui, eu égard au décalage horaire, comme le remarque M. Deladrière, permet à la Nouvelle-Calédonie d’en avoir la primeur ! Elle annonce une excellente nouvelle concernant l’expansion de la langue française qui à ce jour, compte 274 000 millions de locuteurs et apprenants, soit +54 millions depuis les comptages de 2010. Cinquième langue la plus parlée dans le monde derrière l’anglais, le mandarin, l’espagnol et à égalité l’arabe et l’hindi, étant souligné qu’avec l’anglais, la langue française est la seule langue internationale connue sur les cinq continents. Sur ces 274 millions de francophones, 212 millions font un usage quotidien du français : Naitre et vivre en français, leur est donné en partage dans la Francophonie universelle. Par ailleurs, alors que nombreux étaient les francophones à redouter la disparition de leur langue en raison de la révolution internet, le français se maintient au 4e rang des langues les plus utilisées sur le réseau des réseaux. Dixit encore, le Rapport 2014 : « À long terme et en se basant sur les projections démographiques de l’ONU, la population des pays ayant le français comme langue officielle dépassera celle des pays réunis par d’autres langues officielles communes : l’allemand, le portugais, l’espagnol et même l’arabe. » Mme Barrak insiste sur le fait que l’objectif n’est pas de « concurrencer l’anglais, mais d’offrir le français comme une chance supplémentaire et d’éviter la pratique d’une seule langue internationale ». Elle cite l’exemple de nombreux organismes internationaux, à commencer par l’ONU, dont le français est l’une des langues officielles de travail, à même titre, par exemple et au plus près de la Calédonie, que la Communauté du Pacifique et des Rencontres Océania 21/Oceania 21 meetings, créées en 2013. Mme Barrak proposant une séance questions-réponses, Ghislaine Rivaton intervient pour saluer la bonne santé de la Francophonie dans le monde, en remarquant qu’en effet, l’internet est une immense chance pour la langue française, notamment par le biais de l’enseignement supérieur en ligne. Elle rappelle aussi que la langue française n’est nullement démunie dans les domaines scientifiques et économiques, qu’en fait « elle a réponse à tout ». Mme Rivaton cite en particulier l’immense astrophysicien américain, d’origine vietnamienne, ancien élève du Lycée français de Saïgon (aujourd’hui Hô-Chi-Minh–Ville), Trinh Xuang Thuan qui publie et écrit ses conférences d’abord en français ! Mme Barrak indique qu’en effet, le Rapport 2014 lève un préjugé tenace concernant le français en tant que langue économique. Extraits : « La langue française recèle une valeur économique en soi, en tant qu’élément constitutif d’un produit ou service, en tant que compétence valorisable sur le marché du travail(…). De ce point de vue, on voit se multiplier les études sur le secteur des industries culturelles (Natixis, UniFrance, Ernst&Young) qui insistent sur les potentialités du marché francophone (…). D’ores et déjà, on constate que les pays francophones pèsent fortement dans le commerce mondial de produits culturels ». Fin de citation. |
LE PILOU DES MOTS 2014 – LES RÉSULTATS
Merci à la presque centaine de poètes ayant participé !
La 6e édition du concours Pilou des Mots, édition 2014, a été lancée en septembre dernier vers tous les poètes en herbe, adolescents et seniors sur un thème très humoristique qui consistait à puiser dans le parler riche en couleurs des Calédoniens où les mots d’ici et d’ailleurs se nichent depuis des décennies. Nos amis du Vanuatu pouvaient aussi concourir en nous faisant partager leur propre patrimoine linguistique francophone. Les mots en bichlamar étaient les bienvenus ! Les Cagous du Caillou et leurs amis du Vanuatu ont pris leurs plumes à leur cou et voici les résultats ! La remise des prix a eu lieu lundi 3 novembre 2014 à 18 h au Nouvata, Anse Vata à Nouméa.
Juniors du 1er au 3e prix : Rémy, Nolhan, Anthoine – Adolescents, 1er et 2e prix : Mélina, Salomé
Adultes, 1er au 3e prix : RUSTERHOLTZ Christèle, NOGUERRA Bénédicte, ZONGO Marie-du Rosaire – Prix spécial du Vanuatu : BOURORO Lili Francine, Port-Vila