LA DICTÉE DU PACIFIQUE 2022

 

Éve et Michèle, membres de l’Alliance Champlain accueillent les participants.

Les tout premiers succès de la Dictée étant dus à la Croix Rouge Française de Nouméa. En 2005, elle avait eu lieu dans les espaces de la Bibliothèque Bernheim. Le texte, tiré d’un ouvrage de Jules Verne, avait été dicté, via une liaison téléphonique satellitaire par Bernard Pivot ! La grande salle de lecture de la célèbre bibliothèque était comble.

Depuis, la compétition annuelle très attendue du public calédonien, nouméen en particulier, est un rendez-vous culturel apprécié dont le relai est assuré par l’Alliance Champlain. Depuis 2005, le succès de la Dictée du Pacifique proposée chaque année aux Calédoniens par notre association, ne faiblit pas. 

En premier lieu, l’Alliance Champlain veut remercier très sincèrement Mme la Maire de la Ville de Nouméa qui met à notre disposition la grande Salle d’honneur de la Mairie, ainsi que ses agents qui installent et connectent l’écran à l’ordinateur d’une des membres de l’association, permettant de projeter le texte lors de la séance de correction.

Le samedi 13 mars, environ 50 personnes dont plusieurs adolescents, ont rejoint l’association, pour se mesurer à l’orthographe francophone. Laquelle qui parfois, du fait de la richesse de la langue et de ses déclinaisons verbales, donne un peu de fil à retordre aux participants qui comptent dans leurs rangs des professeurs de français ! Occasion très conviviale d’échanges animés, passionnés même, mais bon enfant. L’humour ayant le dernier mot.

C’est Ghislaine Rivaton, membre de l’Alliance Champlain qui a proposé au bureau de l’association un extrait, cette fois-ci, d’une des oeuvres colossales de l’écrivain local d’origine vietnamienne, Jean Van Mai, né à Koumac mais dont le français n’était pas sa langue d’origine.

Le texte d’environ 550 mots, reproduit ci-après a été extrait du 3ème tome, titré La ville aux mille collines, de l’énorme opus Pilou, pilou, constitué en tout de près de 1 500 pages ! 

C’est Mme Yannick Petre-Hickson, ancienne professeure du secondaire, qui s’est chargée de  la lecture au microphone.

Les participants les plus jeunes se sont arrêtés à la moitié du texte.

S’ensuivit la séance de correction qui, comme toujours, s’avère un moment très riche en discussions animées. Sachant que plusieurs professeurs comptaient parmi les participants ! Les arbitres, la lectrice sus nommée et son collègue également ancien professeur de français, Alain Lardillier, tous deux membres de l’Alliance Champlain, ont encadré ce moment très animé.  

Les gagnants sont… : 
Juniors : 1er prix, LUONG Lys –  2ème prix, HOA RAU HAYS Éthan

Adultes : 1er prix, TILLIER Huguette :1 faute – 2ème prix, GEORGEON Gilbert : 2 f – 3ème prix, DUQUESNE Suzanne – 3 f

La remise des prix a eu lieu séance tenante, en présence de membres de la presse ayant couvert la compétition. 

Crédit photo, projection de la dictée sur grand écran mis en place par la Ville de Nouméa : Alliance Champlain

Pilou-Pilou
Tome 3 – La ville aux mille collines

Extraits du roman Nouméa Guadalcanal et Pilou-Pilou – Auteur :  Jean Van Mai

541 mots

Comme un grand oiseau dans le ciel, il survola les hauteurs rebondies de la ville, contempla les vallées ; les maisons et les routes défilaient en bas, au ras du sol, sous ses grands yeux ahuris. Juste devant lui, la partie supérieure d’une forme humaine était sanglée par les épaules à son siège. Tandis que la tête du même personnage, vu de dos, se trouvait encapuchonnée – comme la sienne d’ailleurs – dans un étrange casque de cuir rond, couleur chocolat.

Tout à l’avant, les bruits d’un puissant moteur à explosion qui actionnait une grande hélice de bois lui rappelèrent avec insistance qu’il se trouvait, en vérité, à bord de l’un de ces nouveaux et extraordinaires « plus lourds que l’air… »

Alors que le volatile de bois et de métal continuait à filer droit devant sous le firmament couleur, d’un geste incongru, l’homme décida de se pincer comme pour bien s’assurer qu’il ne rêvait point…

Car la surprise et l’émerveillement cumulés en ces instants exceptionnels, dans sa déjà très longue vie, dépassaient toute imagination. Et la douleur ressentie dans sa chair ne pouvait que confirmer l’authenticité de l’évènement.

De fait, à la suite de son décollage d’un aérodrome de fortune situé sur une propriété privée dans la vaste plaine presque inhabitée de Magenta, l’aéronef survolait maintenant la Vallée des Colons. Celle-ci parée de ses maisons coloniales aux vastes vérandas, aux toitures de tôle ondulée et aux jardins fleuris, ressemblait presque à une image de carte postale.

Quartier militaire par excellence, la Vallée du Génie – avec sa caserne Gally-Passebosc – apparut rapidement avant de laisser place au Sémaphore sur la droite, ainsi qu’à la masure délabrée d’un «ermite » qui avait décidé d’élire domicile à ses pieds. Puis voici que surgissaient les tours de la Cathédrale avec vue plongeante sur son imposant escalier de pierre, taillé aux temps lointains des pensionnaires et des artisans du bagne.

Vu du ciel, le centre de la cité, avec ses voies rectilignes, offrait un spectacle attendrissant et lilliputien de la ville qui, toujours, voulait se donner des allures de capitale des tropiques.

Assis à l’arrière de l’appareil, le passager reconnut un peu plus tard la rue de l’Alma. Cette artère principale prenait naissance à la hauteur des quais, remontait en ligne droite jusqu’au Temple protestant – constitué d’un élégant édifice en dur, bâti à mi-hauteur d’une colline non loin de la résidence du gouverneur.

(…)

Comme pour mieux souligner l’incongruité de cette situation, le pilote pointa le doigt en direction du Nord, vers les hauts fourneaux de l’usine de Doniambo où l’on fondait le minerai de nickel. (…) À l’instant où le monomoteur allait survoler la Petite Rade, apparut brusquement le port avec ses caboteurs reliés à leurs bollards d’amarrage, comme des chevaux géants assujettis à leurs échalas. (…) Mais lorsque l’avion parvint au-dessus de l’Île Nou, le pilote négocia aussitôt une large courbe afin de remettre le cap sur son point de départ. (…) Survolant quelques minutes plus tard les plages de l’Anse Vata, l’aviateur nota qu’il avait plu en cet endroit peu de temps auparavant, puisque le chemin de terre menant à la ville était truffé de petits lacs boueux. Tandis que les cailloux, encore mouillés, scintillaient au chaud soleil de ce mois d’avril de l’an 1931. 

ooOoo

 

 

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